Publié le lundi 7 octobre 2019 8:30 par Jean Andris
Mis à jour le lundi 7 octobre 2019 8:44 par Jean Andris
Durant la ménopause, la carence hormonale entraîne une accélération de la perte osseuse qui rend le squelette des femmes de plus en plus fragile. Or, seul un spécialiste sur trois considère l’ostéoporose comme une indication à l’engagement d’un traitement hormonal de substitution (THS) dès 52 ans. Et près de 50% d’entre eux n’estiment pas que l’ostéoporose justifie le maintien d’un traitement hormonal de substitution à 62 ans.
Après avoir analysé, en 2018, les connaissances des généralistes par rapport à la ménopause et ses effets, ainsi que la perception des femmes sur leur prise en charge par leur médecin, la Belgian Menopause Society (BMS) se penche désormais sur ses pairs : les gynécologues. « A quelques encablures de la Journée Mondiale de la Ménopause (ce 18 octobre) et de la cinquième édition des Ménopause Cafés qui aura lieu samedi 19 sur le site du Grand-Hornu près de Mons, nous avons analysé le comportement de certains de nos confrères face à des cas d’école concernant respectivement une patiente imaginaire de 52 ans et de 62 ans. » explique le Docteur Serge Rozenberg, Professeur en Obstétrique et Gynécologie à l’ULB, Chef de département au CHU St Pierre, Secrétaire de la Belgian Menopause Society et membre du Belgian Bone Club. « Une fois de plus, notre intérêt était de mieux comprendre comment les experts de la santé appréhendent les traitements hormonaux de substitution qui soulèvent tant de passion, de rumeurs diverses et d’incompréhension dans le chef du public. »
Premier constat rassurant
La première question était de savoir si les spécialistes prescrivent un tel traitement pour une femme de 52 ans et de 62 ans souffrant chacune de symptômes vasomoteurs sévères d’une part ou d’ostéoporose d’autre part et qui par ailleurs ne présente pas de contrindication à la prescription d’un traitement hormonal de la ménopause. La seconde question portait sur le maintien d’un tel traitement ou le recours à d’autres médications pour une femme de 62 ans qui souffre des mêmes symptômes ou d’ostéoporose.
Le premier constat plutôt rassurant est que la grande majorité des gynécologues initieraient à 52 ans (84%) et maintiendraient à 62 ans (87%) un traitement hormonal de substitution pour une femme souffrant gravement de ces symptômes vasomoteurs que sont les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes. Cela dit, on est en droit de se poser la question du quotidien des nombreuses patientes qui souffrent de façon considérable et auxquelles 16% et 13% des gynécologues interrogés ne donnent pas accès à des traitements efficaces.
Un sur deux seulement
Etonnement, un seul médecin sur deux prescrirait un traitement hormonal de substitution à une femme souffrant des mêmes symptômes sévères à 62 ans.
Mais il faut savoir que les conséquences de la ménopause ne se résument pas à l'arrêt des règles et aux bouffées de chaleur. La carence hormonale est également impliquée dans le développement de maladies chroniques, en particulier l'ostéoporose ainsi que les maladies cardiovasculaires. En effet, après la ménopause, l’organisme produit moins d’œstrogènes, or ceux-ci agissent sur la formation de l’os. Le déficit en hormones œstrogéniques va donc entraîner un déséquilibre entre les phénomènes de construction et de destruction de l'os au profit de sa destruction et constitue dès lors le facteur de risque d'ostéoporose le plus important.
Et, à ce niveau, les résultats de l’enquête de la BMS sont particulièrement éloquents.
Lorsqu’il est uniquement question d’ostéoporose, un petit tiers de spécialistes (32%) propose un recours aux THS pour une femme de 52 ans. Ce chiffre dégringole à 14% pour une femme de 62 ans. En revanche, dans ce dernier cas, si la patiente est déjà sous traitement hormonal de substitution, 52% des gynécologues le maintiendraient.
Et les médications alternatives?
En termes de médications alternatives prises en considération face à des signes d’ostéoporose, ce sont principalement du Calcium et de la Vitamine D qui sont prescrits par les spécialistes ainsi que des bisphosphates, dans une moindre mesure. « Les traitements hormonaux de substitution ne sont, bien entendu, pas à prendre à la légère et nous avions spécifié au préalable dans notre enquête que les 2 femmes concernées n’y présentaient aucune contre-indication. Malgré cela, nous observons encore et toujours une certaine retenue de la part de nos confrères. » analyse le Professeur Rozenberg. « Il est, en outre, évident que l’ostéoporose n’est pas suffisamment considérée par les gynécologues. Elle nécessite pourtant une prise en charge adaptée afin d’en amoindrir les conséquences et ainsi améliorer la qualité du troisième tiers de vie des femmes, c’est-à-dire après la ménopause. »